(fr) Résumé de la présentation de Erika Schulze

L’école : un lieu sûr. Du rôle du travail social à l’école dans un contexte de présence de personnes réfugiées

Selon la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, fréquenter une école et avoir donc accès à l’éducation est un droit fondamental pour les enfants et adolescents réfugiés, mais, concrètement, les obstacles et les problèmes à ce sujet sont encore très nombreux. On peut citer notamment les retards dus au fait que pour pouvoir aller à l’école, il faut se faire recenser dans une commune, les délais d’attente avant d’obtenir une place dans une école, sans oublier l’exclusion occasionnée par le fait qu’il faut un permis de séjour en bonne et due forme pour pouvoir fréquenter une école, ainsi que la limite d’âge légale de scolarisation, qui est de 16 ans dans certains länder allemands. Ces obstacles compromettent globalement la motivation des enfants et adolescents à aller à l’école, d’autant qu’il n’est pas rare que, dans leur pays d’origine, et du fait du long trajet qu’ils ont dû parcourir pour fuir leur pays, leur parcours scolaire soit déjà chaotique.

Pourtant, l’école, c’est plus qu’un lieu dont la mission est purement éducative : pour les enfants et les adolescents, c’est un endroit important qui leur permet de se sortir de leur situation souvent difficile, généralement caractérisée par des problèmes et des désavantages spécifiques : une vie avec un horizon limité et dans des conditions économiques précaires. Il faut souvent travailler sur leurs expériences de réfugiés, car bon nombre d’enfants sont traumatisés. Les familles sont parfois séparées, et les membres de la famille restés dans leur pays d’origine font l’objet d’inquiétudes, beaucoup de familles sont déstabilisées. En outre, fréquemment, ils passent de longs mois, voire des années dans une situation incertaine car ils ne savent pas s’ils vont pouvoir rester, tout en étant parfois victimes de discrimination, de rejet et de racisme.

C’est dans ce contexte que l’école est qualifiée de « lieu sûr », aspect qui est trop peu souvent décortiqué dans les discussions sur la pédagogie. L’expression « lieu sûr » ne doit pas être compris dans son acception psychologique qui est la plus répandue. Il s’agit plutôt du concept d’école, une école qui ne constitue pas seulement un lieu purement dédié à l’apprentissage des savoirs de base, mais, dans une compréhension plus globale de l’éducation, avant tout, un endroit où les enfants sont considérés et traités comme des personnes à part entière, qui respecte l’hétérogénéité de leurs univers respectifs, à égalité, et où ils font l’expérience d’une « solidarité pédagogique inconditionnelle ». C’est dans cette perspective que cette professeure en travail social apporte sa contribution et nous fait bénéficier de ses compétences spécifiques. C’est pourquoi, dans le cadre de son intervention, ce sont les différentes facettes du travail social en milieu scolaire dans un contexte de présence de réfugié.e.s qui ont été traitées à l’aide de matériel empirique, avec l’accent placé sur l’école primaire, et que les perspectives des différents intervenants de l’école et de l’éducation ont été restituées.

Il est ainsi apparu dans les entretiens avec les intervenant.e.s du travail social à quel point ces efforts peuvent, dans le contexte scolaire, créer des lieux de communauté et d’arrivée, quel est le type de contribution qu’ils apportent au renforcement des processus de formation, quelle est la manière dont ils peuvent aider les enfants et les adolescents via des possibilités de processus éducatifs non officiels. En outre, il s’agit d’un élément de soutien (partial) important, au-delà des exigences scolaires, et pas uniquement pour les enfants et les adolescents. Bien souvent, les travailleuses et travailleurs sociaux sont également les interlocutrices et interlocuteurs des parents, notamment quand les enfants sont très jeunes. Quant à savoir dans quelle mesure ces potentiels offerts par le travail social en milieu scolaire peuvent être exploités, en plus de la perception professionnelle de soi et de l’engagement des intervenants.e.s, cela dépend d’une certaine manière de l’ancrage structurel de la profession et de son positionnement dans le système école. Dans le meilleur des cas, l’école est en mesure de créer des conditions d’encadrement permettant aux enfants et adolescents réfugiés qui la fréquentent de trouver un lieu sûr dans leurs parcours de vie marqué par tant d’insécurité. Dans le même temps, une intégration réussie à l’école est encore et toujours contrecarrée par les directives politiques qui, lorsque les politiques migratoires sont restrictives, compromettent l’engagement des travailleuses et travailleurs sociaux et des enseignant.e.s et leur compliquent la tâche. Ici, un positionnement politique est incontournable.

Littérature

Erika Schulze/ Susanne Spindler (2017): Schule als sicherer Ort. Flucht als Herausforderung für Soziale Arbeit in der Schule, in: Die Deutsche Schule, Heft 3/2017 (Flucht und Bildung)